• W. Utermohlen, autoportraits du néant

     

     " Autoportrait du néant "

    William Utermohlen : atteint d'Alzheimer, il peint son autoportrait jusqu'au bout. 

    W. Utermohlen - autoportraits 

    Peintre figuratif relativement méconnu, l’artiste américain établi au Royaume-Uni, William Utermohlen, a été diagnostiqué Alzheimer en 1995

    Jusqu'à sa mort en 2007, il a réalisé pendant cinq ans une série d'autoportraits reflétant les stades de la maladie d'Alzheimer et le déclin de son propre cerveau

     

    Son style et sa technique se sont progressivement dégradés au fur et à mesure que les symptômes de la démence s'installaient :

    • Problèmes de mémoire et de concentration.
    • Désorganisation du temporel et du spatial dans la représentation mentale.
    • Difficulté à reconnaître les objets ou à comprendre leur fonction.
    • Incapacité à prendre des décisions ou à anticiper les mouvements.
    • Déclin progressif de la pensée claire et du jugement.

     

    Ses œuvres ont été présentées à des étudiants en médecine pour visualiser les effets et les conséquences de la maladie 

     

    Sa femme, professeur d’histoire de l’art raconte "...alors que William avait une technique précise, presque scientifique, son style s’altère et se rapproche de l’expressionnisme abstrait. Petit à petit, les lignes se tordent, les aplats de couleurs se font plus crus et le visage peint se déforme ".

     

    W. Utermohlen - autoportraits

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Lundi 29 Mai 2023 à 09:25

     

     

     

     

    Ceci n'ayant, évidemment, rien à voir avec cela.... 

               

    ...tous les vrais esthètes amateurs d'art vous le diront.

     

     

    2
    The Shadow
    Lundi 29 Mai 2023 à 19:54

    Un certain Becquérieux, dans un billet de son excellent blog "Mauvaises pensées" -- aujourd'hui disparu et dont les archives chez Wayback Machine sont évidemment très partielles quand elles ne sont pas introuvables (avec message d'erreur en batave !) --, avait retracé l'évolution des arts en quelques images, formulant quelques commentaires désenchantés : le parallèle avec cette série de portraits est saisissant.

    Dans un registre plus moderne, on a ce musicien qui, récemment mis en avant par les Soral's boys, démontrait chez ioutube que l'évolution des génériques de James Bond n'allant pas dans le sens de l'amélioration. Un exemple qui en vaut d'autres.

     

      • Lundi 29 Mai 2023 à 20:59

        @ The Shadow...!!

         

        Concernant "l'évolution des arts" sur le blog "Mauvaises pensées", ni sur Wayback Machine, ni ailleurs...

        Non plus pour "Becquérieux". (sauf Frédéric auteur à "Politique Magazine" et Charles à "France Catholique (? )

        Par contre mon Gogol préféré en a profité pour me fournir un lien vers : 

        • " Une intelligence artificielle retrace l’évolution de l’art en une vidéo bluffante... Bien qu’elle soit dénuée de toute humanité, l’intelligence artificielle peut produire de l’art. Le créatif Fabio Comparelli en a fait sa spécialité. Récemment, il a demandé à l’intelligence artificielle qu’il a programmée de retracer l’évolution de l’art en vidéo et c’est carrément bluffant. " https://youtu.be/SR5LlT-zCWU

         

        Mais si les "Intelligences" "artificielles"... même "Beaux Arts Magazine" s'en est fait l'écho : "Dans ce virevoltant musée imaginaire, bourré de bizarreries à la manière d’un rêve flou, on saisit à la volée quelques chefs-d’œuvre remixés : La Cène de Léonard de Vinci, le Voyageur contemplant une mer de nuages de Caspar David Friedrich, La Nuit étoilée de Van Gogh, Le Cri d’Edvard Munch (dans une version clownesque de film d’horreur hyperréaliste !) et Les Nymphéas de Claude Monet. Le XXe siècle s’illustre, quant à lui, avec des paysages mous et désertiques à la Dalí, les visages cubistes de Picasso et des actrices hollywoodiennes évoquant Warhol (interprétation par l’IA de Marilyn Monroe). Les dernière secondes mêlent plus approximativement street art, design et plantes vertes avant de mettre en scène d’immenses circuits informatiques connectés dans l’hyperespace. Le final théâtral : un cerveau démiurge tout-puissant, finalement aspiré par un trou noir…"

         

        Ca n'a rien à voir. Ca vaut ce que ça vaut, mais peut-être rien de très très bon.

         

      • The Shadow
        Lundi 29 Mai 2023 à 23:18

        @bedeau : J'avais gardé une copie du site "Mauvaises pensées", sans les images en raison d'une récupération aléatoire des fichiers. Voici le billet du 12 mars 2014 intitulé "Histoire de l'Art" :
        //
        Admettons que vous débarquiez sur une planète inconnue et que vous souhaitiez recenser les choses qui s’y trouvent. Une tripartition classique pourrait alors être utilisée, fondée sur la forme des objets. Vous distinguerez :
        1. Les choses ou phénomènes simples qui manifestent un ordre régulier : cristaux, formations basaltiques, ripple marks, etc. (il est facile de compresser leur description : le programme pour les reproduire est beaucoup plus court que la description pas à pas que l’on peut en faire; pour approcher cette idée on peut penser par exemple à la série : 1010101010101010101010101010101010101010, qui est facilement compressible).

        2. Les choses complexes et non spécifiques : agrégats, agglomérats, chaos rocheux, etc. produites par l’entrecroisement chaotique d’une multitude de phénomènes réguliers (leur description est incompressible : le programme pour les reproduire exactement est aussi long que la description pas à pas; on pensera ici, pour se faire une idée, à la série aléatoire : 10000101010001111101010110100010110110010, qui est incompressible).

        3. Les choses complexes et spécifiques qui semblent manifester un ordre intelligent par l’agencement d’une très grande multitude de parties en vue d’une fonction unique : outillage, machines, etc. (le programme peut être plus court que la description, mais seulement si on suppose une intelligence conceptrice; par exemple, la série des nombres premiers écrite en base 2 (comme dans le film Contact avec Jodie Foster) est incompressible à première vue, mais est en fait très compressible une fois que l'on a la clé -- elle combine la complexité de l'aléatoire et la conformité à un patron fonctionnel du nécessaire).

        On pourra distinguer ainsi : l’ordre, le chaos et l’intelligence.
        A noter : si l'on s’intéresse à un objet donné, manifestant un certain degré d’ordre, on pourra observer qu’il tend à le perdre à mesure que le temps passe. Il devient progressivement chaotique. Même l’ordre intelligent, qui remonte localement le courant de l’entropie, doit lutter sans cesse contre la croissance du chaos. Sauf à ce que l’intelligence l’emporte sur la seconde loi de la thermodynamique, il semble donc que, de manière générale, tout s’achemine vers le chaos.
        (image perdue)
        Imaginons maintenant que des Martiens envoient des robots-photographes sur notre planète et que ces derniers leur rapportent trois clichés.

        D'abord celui-ci :
        (image perdue)
        Ensuite celui-là :
        (image perdue)
        Enfin celui-ci :
        (image perdue)

        Quelles hypothèses pourraient faire les Martiens ? Certainement que le premier objet photographié est le résultat d'un processus naturel de déformation d'une surface cristallisée. Que le deuxième est le fruit de divers mouvements aléatoires. Que le troisième, enfin, est sans doute l'oeuvre d'une intelligence.

        Imaginons maintenant qu'on révèle aux Martiens que les trois objets photographiés sont des oeuvres de l'art humain et qu'on leur demande de formuler quelques hypothèses. Ils diront sans doute que le deuxième objet a été produit par un bébé, le premier par un adolescent à qui l'on aurait appris l'usage de la règle et du pochoir découpé, le troisième par un adulte particulièrement inventif. Et s'il fallait classer ces oeuvres non point dans la vie d'un seul homme, mais le long de l'évolution de l'humanité tout entière, nul doute qu'ils attribueraient le deuxième dessin à l'enfance de l'humanité, le premier à son adolescence et le troisième à son âge adulte.

        Voici notre énigme : quand on aura révélé aux Martiens que le véritable ordre chronologique des oeuvres en question est exactement le contraire de celui qu'ils avaient envisagé, comment pourront-ils interpréter ce fait ? Comment comprendre que les humains, depuis environ cinquante ans, s'attachent à confondre leurs productions artistiques avec la régularité des lois du monde minéral, ou avec le chaos aléatoire des processus stochastiques ? Pourquoi cherchent-ils, de manière quasiment exclusive, à simuler le non-humain, à imiter l'inintelligent ?

        Veulent-ils disparaître ? Passer incognito ?

        Cette expérience s'applique particulièrement bien à l'architecture.
        Comparons par exemple l'opéra de Paris...
        (image perdue)
        ...au nouvel opéra de Pékin.
        (image perdue)
        //
        Daté du 22 mars 2014, cet autre billet faisait suite au précédent "Enigme : encore un quizz pour les Martiens" :
        //
        Dans quel ordre (chronologique) classer ces trois oeuvres ?
        Celle-ci :
        (image perdue)
         Celle-ci :
        (image perdue)
        Et celle-là :
        (image perdue)
        Admettons qu'il existe en art une sorte de "progrès" (progrès de la maîtrise technique, de la finesse d'exécution, de la sensibilité au beau, de l'équilibre de la composition); il faudrait évidemment classer ces trois oeuvres en commençant par la troisième et en finissant par la première. Malheureusement, l'ordre historique réel, qui retrace assez bien le mouvement général de l'histoire de l'Art en Occident depuis un siècle, marche exactement dans l'autre sens.

        Mais justement, dira-t-on, il n'y a pas de progrès dans l'Art.
        Thèse connue. Dirons-nous alors qu'il y a "Décadence" ? Non plus. Vous n'y pensez pas ! Arrière la bête immonde. Pourquoi pas "Entartete Kunst", tant que vous y êtes ! Non, la vérité, c'est qu'il y a équivalence générale entre toutes ces choses, équivalence fondée sur l'"incommunicabilité entre les paradigmes artistiques". "Incommensurabilité des référentiels". Voilà qui pourrait convaincre des étudiants en arts plastiques, des présentateurs de télé, des ministres, des attachés culturels, des normaliens.

        Des Martiens, ça m'étonnerait.

        De cette évolution de l'Art en Occident, on peut fournir toutes sortes d'explications, qui ne sont pas forcément exclusives les unes des autres. On évoquera le tournant kantien en esthétique, qui a entraîné la valorisation de l'effet subjectif contre le contenu spirituel, la subversion des canons classiques (dits "bourgeois") par le projet révolutionnaire bolchevique, la plaisanterie dadaïste transformée en doctrine académique de remplacement, la volonté d'affranchissement à l'égard de toute contrainte, portée par le projet anti-naturaliste postmoderne, le bannissement du Beau comme finalité de l'Art au profit de l'Innovation, etc.

        Pour ma part, j'admets toutes ces explications, mais j'ajoute un élément : ce qui fournit un moteur à toutes ces nouvelles configurations idéologico-esthétiques, c'est la passion de l'Egalité. Là-dessus comme sur à peu près tout le reste, c'est Tocqueville qui a tout compris. Il est évident qu'à l'époque où régnait le paradigme dont ressort le premier tableau (celui de Simon Vouet), peu de gens pouvaient se dire artiste. Et si on voulait le devenir, il fallait quelques dons naturels et beaucoup de travail. A l'époque, la nôtre, où règnent les paradigmes de l'expressionnisme brut ou de la figuration stochastique, le bénéfice démocratique est immense : arrière les dons naturels! Arrière l'injustice de la génétique ! Arrière le travail et la sueur ! Il est par construction impossible de rater une oeuvre d'art contemporain. Même la queue d'un âne fait un sans-faute. Anything goes.

        Tout le monde il est un génie !
        //
        Je vous fais confiance pour trouver les images perdues qui conviendraient. ;-)
        J'aimais bien les textes de ce mystérieux Becquérieux, disparu avec élégance et discrétion, sans prévenir.

        A tout hasard, la vidéo découverte grâce aux Soral's boys :

        https://www.youtube.com/watch?v=NSZB4tQClk0

        (L'auteur en a fait une seconde sur le même sujet, répondant aux objections des petits krons.)

      • Mardi 30 Mai 2023 à 11:38

        @ The Shadow...!!!

        Merci pour le partage...cool

         

         

        Je me souviens d'avoir lu (je ne sais plus quand, je ne sais plu où...) une comparaison critique entre l'Opéra de Paris et celui de Pékin, à moins que ce ne soit avec celui de Sydney.... (pas retrouvée...), mais bon, pour les spectacles qui y sont et seront donnés, pourquoi pas ?

         

         

        D'autre part...

        Quand on voit que Anne Hidalgo trouve que les tours "Duo" de Jean Nouvel "s'inscrivent avec poésie dans leur environnement parisien"  ou qu'on entends que notre présipède, financier athée et laïque souhaitait reconstruire la Cathédrale Notre-Dame "encore plus belle qu'avant..."

                                   

         

         

           

         

        ...on a raison de penser, avec Becquérieux, que : "On peut distinguer ainsi : l’ordre, le chaos et l’intelligence....A noter : si l'on s’intéresse à un objet donné, manifestant un certain degré d’ordre, on pourra observer qu’il tend à le perdre à mesure que le temps passe. Il devient progressivement chaotique. Même l’ordre intelligent, qui remonte localement le courant de l’entropie, doit lutter sans cesse contre la croissance du chaos. Sauf à ce que l’intelligence l’emporte sur la seconde loi de la thermodynamique, il semble donc que, de manière générale, tout s’achemine vers le chaos. ../... (Tout le monde il est un génie !) "

         

    3
    Mardi 30 Mai 2023 à 14:19

    Ces tableaux d'une pensée qui s'évanouit sont extraordinaires.

      • Mardi 30 Mai 2023 à 15:29

        @ Dr WO...!

        Ça donne une vision assez crue, et assez cruelle, de l'évolution d'une maladie qu'on dit lente et progressive et dont, souvent, on ne remarque pas (ou on se refuse à remarquer) l'apparition et l'aggravation par des signes parfois trop peu contrastés d'une journée ou d'une semaine à l’autre. (C'est juste une impression, je n'ai pas d'exemples ni de témoignages pour la confirmer)

         

         

        Explicite, et indéniable.

                                

         

         

      • realist
        Mardi 30 Mai 2023 à 17:00

        Non, ce n'est quère différent de l'ordinaire.

         

      • Mardi 30 Mai 2023 à 18:25

        @ realist...

        Meuh... non... Tout va bien se passer...

             

         

         

      • realist
        Mardi 30 Mai 2023 à 18:41

        Il vaut mieux avoir un accompagnement musical.

      • Mardi 30 Mai 2023 à 19:47

        @ realist.....

         

        je reviens à mes moutons...

             

         

        ...avec Julos.

         

        (il y a lurette que je ne l'avais pa écouté, çui là !)

         

         

      • Souris donc
        Mercredi 31 Mai 2023 à 10:33

        Extraordinaire, fascinant, cette aptitude picturale évoluant avec la maladie.

        Quand Matisse a perdu la motricité fine permettant la délicatesse subtile du pinceau, il s'est mis aux découpages-collages.

        collage matisse henri – œuvres de matisse collage – Sydneycrst

      • Mercredi 31 Mai 2023 à 11:07

        @ Souris donc...

        Je ne connaissais pas cette anecdote de l'histoire de l'art

        Elle me semble plus préméditée, plus intentionnelle, moins subie... Mais, surtout, moins tragique et moins radicale que celle concernant Utermohlen.

        (Certains des tableaux de Matisse, je crois, étaient déjà presque des aplats de couleur brute.)

         

         

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