• " L'Europe, c'est la guerre. "

    Un éditorialiste-blogueur (qui n'est pas spécialement mon auteur préféré) vient de publier un article dans "Causeur" (qui n'est pas spécialement ma lecture favorite), mais une fois n'est pas coutume (les passages soulignés le sont par moi) :

     

    L’Europe, c’est la paix… heu… la guerre!

    Jean-Paul Brighelli - 27 avril 2022  

    On nous avait vendu l’Europe comme le bouclier anti-nationaliste qui instaurerait une paix définitive sur un continent labouré par deux guerres mondiales. Nous sommes aujourd’hui forcés d’abandonner ce rêve simpliste : à la remorque des Etats-Unis, l’Europe cherche la guerre, et fait de son mieux pour la provoquer, estime notre chroniqueur :

     

    « Jean Monnet, heureux lascar qui, né en 1888, avait eu l’avantage indéniable de connaître deux guerres mondiales sans en faire lui-même aucune, nous avait vendu la création de l’Europe CEE comme un remède définitif au choc des nations. Banquier aux Etats-Unis à partir des années 1920, promoteur d’une fusion France-Grande-Bretagne (si !) comme aux plus beaux temps de la Guerre de Cent ans, il est resté le petit télégraphiste des Etats-Unis, comme disait De Gaulle qui ne l’aimait guère. Monnet avait refusé de se joindre au projet de "France libre", car il pensait plus utile de se mettre sous la houlette des Anglo-saxons. 

    « Il se fit après-guerre le promoteur d’une Communauté Européenne de Défense, qui mit le Général en fureur et que Mendès-France refusa sagement d’entériner. La création de la CEE, et le ralliement de l’Allemagne à l’OTAN en préambule du Traité de l’Élysée en 1963, c’est l’œuvre de Monnet. Et la décision européenne d’armer l’Ukraine et d’intervenir en douce dans le conflit qui l’oppose à la Russie (le Times affirme que des commandos britanniques sont déjà à l’œuvre là-bas), c’est encore, à distance, l’œuvre de Monnet.

    « Plus de guerres ? Ah oui ? L’UE vient d’envoyer pour 450 millions d’euros d’armes à l’Ukraine -et des "instructeurs" pour aider les Ukrainiens à s’en servir, tout comme les Etats-Unis avaient envoyé des "conseillers" au Vietnam… La Troisième Guerre mondiale est sur les rails, et ceux qui pensent encore que c’est "la faute aux Russes" devraient réviser le jeu des alliances et des tutelles depuis cinquante ans -en particulier la décision de Sarkozy de rejoindre le commandement intégré de l’OTAN, et l’incitation faite à l’Ukraine en 2014 de rejoindre une alliance commandée par les Etats-Unis.

    « À noter que la guerre déclenchée par l’OTAN contre la Serbie à partir de 1999 n’a pas fait bouger un cil à la communauté européenne, qui a applaudi le bombardement de Belgrade et les secours envoyés aux musulmans bosniaques, qui servent aujourd’hui de tête de pont aux menées islamistes et à tous les trafics, d’armes et de d’organes en particulier. Carton plein.

    « Non que je m’indigne de cette supervision américaine de l’OTAN. Il est assez logique, dans une entreprise, de laisser le gros actionnaire décider de tout -n’en déplaise aux petits. Mais le matraquage médiatique sur les exactions de l’armée russe (les soldats ukrainiens, eux, ne violent et ne tuent personne -d’ailleurs ils font des prisonniers de guerre auxquels ils ne pensent même pas à mettre une balle dans la tête) parviendra sans doute à nous convaincre qu’il faut intervenir de façon plus directe dans le conflit.

    « Mais je m’interroge sur la façon dont certains politiques -Macron en tête- vont s’écriant "L’Europe ! L’Europe ! L’Europe !" comme si c’était un bouclier face à la rivalité américano-russe, alors que nous sommes juste le doigt entre l’écorce et l’arbre. Que les mêmes partis qui dominent la France soient nos mandataires à Bruxelles est un mélange des genres inquiétant : pourquoi défendraient-ils ici une indépendance nationale qu’ils récusent là-bas ?

    « La nation a été la grande absente des récentes élections. La nation et la République, et ce qui les constitue -l’histoire et la culture. Ni Marine Le Pen, qui faute de culture a renoncé à contester l’Europe, ni Eric Zemmour, libéral dans l’âme et qui pense que le libre-échange n’entre pas en conflit avec l’indépendance, ne sont de vrais républicains. Les vrais républicains, ce sont ceux qui à Valmy se sont opposés aux armées coalisées qui voulaient faire l’union européenne sur le dos de la Révolution. Ce sont ceux qui ont lutté contre l’Allemagne -pas ceux qui plus tard ont léché le cul du Deutsche Mark tout-puissant, ou consenti à ce que l’euro soit défini par rapport à ce même Deutsche Mark, sous prétexte de faciliter la réunion des deux Allemagnes- un joli tremplin pour les forces américaines présentes en Europe.

    « Les États-Unis n’ont jamais consenti à une Europe indépendante. Ils mènent une politique de blocs et, dans leur anti-soviétisme perpétué, préconisent l’entrée en guerre des Européens -sans risque pour eux-mêmes. Ça me rappelle la façon dont les seigneurs des guerres médiévales envoyaient la piétaille se faire massacrer en leur lieu et place.

    « J’explique dans mon dernier livre sur l’école que les Européanistes, disciples de Monnet, Giscard and co., ont modifié les programmes scolaires, dans l’étude de la langue ou en histoire, de façon à ce que les petits Français soient dépossédés d’un héritage millénaire. Ils préféraient de très loin des "communautés" qui éclatent le pays façon puzzle à une France unie et forte. Le boulot est fait : désormais, les Français, à quelques exceptions près, sont prêts à admettre qu’il est nécessaire d’aller faire la guerre à l’Est -et d’y mourir, pour la plus grande joie d’Américains qui benoîtement s’offrent à nous vendre du gaz ou du pétrole au prix fort. C’est ce jeu avantageux que défendent parfois à leur insu tous ceux qui aujourd’hui, prêchent un interventionnisme lourd. Le marché a-t-il besoin d’un conflit majeur pour se revitaliser ? Ou plus simplement, la volonté de puissance des Américains et des Russes aura-t-elle raison de la stabilité (relative, mais stabilité quand même) des soixante-dix dernières années ?

    « Quand Paris sera bombardé, nous aurons la réponse. »

     

    " L'Europe, c'est la guerre. " *

    * bref et succinct aperçu de votre aimable participation volontaire spontanée à l'effort hexagonal pour la paix en Ukraine

     

     

     

     

    « patriotes...?"En Même Temps..." »

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 29 Avril 2022 à 19:03

    Il me semble que la Russie, qui vient de déclencher une guerre stupide, ne fait pas partie de l'UE. Une guerre a-t-elle eu lieu entre les membres de l'UE depuis sa création ?

      • Vendredi 29 Avril 2022 à 20:46

        @ Dr WO...

        Je... euh... d'un côté, c'est pas faux... mais d'un autre...

        Lu comme ça, je ne vois pas trop quels arguments vous opposer...

         

        (Je vous suggère d'en discuter dans les commentaires à cet article sur "Causeur" : l'auteur J.P. Brighelli y répond à quelques uns -même et surtout les plus critiques- et explicitera peut-être ce qu'il a voulu dire concernant le rôle essentiel du bon vieil oncle Sam.)

         

    2
    Le Page
    Vendredi 29 Avril 2022 à 19:53

    On comprend mieux la marche du monde en lisant certain commentaire. 

      • Vendredi 29 Avril 2022 à 20:53

        @ Le Page...!

        J'avais hésité (vu le succès relatif de cet article) à publier une autre vision du même sujet, encore plus complotisse et moins politiquement correcque...

         

        Un des objectifs cachés de la guerre en Ukraine : le dépeçage et la ruine de l’Europe (sous titrée "L'amitié américaine -petite rétrospective" et "Une opération minutieusement préparée depuis 2014")

         

        J'ai bien fait de renoncer, je crois !

         

    3
    Paul-Emic
    Samedi 30 Avril 2022 à 12:06
    Paul-Emic

    La Russie n'est pas dans l'UE mais la guerre a bien commencé par la volonté de l'Ukraine d'y adhérer ainsi que d'adhérer à l'OTAN qui sont deux organes de soumission de l'Europe à la volonté américaine. Par ailleurs l'Europe a perdu là l'occasion de jouer un rôle majeur à l'Est en refusant de coopérer avec la Russie et de faire respecter les accords de Minsk seuls à même de régler le problème culturel, linguistique et politique dans le région du Donbass puisque au préalable l'Ukraine avait choisi la voie armée plutôt que le dialogue avec ses minorités.

    Depuis l'Europe a non seulement choisi la voie de la guerre en contribuant à acculer la Russie à une solution militaire, mais en plus elle prétend non seulement définir la politique économique de ses membres, mais d'une certaine manière supplée ou renforce le rôle militaire de l'OTAN en incitant aux sanctions, à l'ostracisation de la Russie et de ses citoyens, voire de sa culture et de sa langue ce qui est une folie complète rarement vue dans l'histoire.

    En renforçant le rôle de l'OTAN qui est une machine à entrainer dans la guerre des pays qui n'en ont que faire - ce qui est la fonction de tout traité militaire -  l'UE est bien une machine de guerre qui fonctionne exactement avec les mêmes méthodes que l'OTAN, mais qui s'en étonnera.

      • Samedi 30 Avril 2022 à 13:37

        @ Paul-Emic...!

        Çà semble tellement évident pour qui possède encore un minimum de libre-arbitre et ne prend pas pour argent comptant le fait que, si l'OTAN dit que les Etats-Unis (et vice versa) disent la vérité et toutes les vérités, et que les ex-soviétiques ne font que répandre mensonges et propagande, ben alors c'est La Vérité...

         

        Une amie (qui ne commente pas sur mon blog) à qui j'avais envoyé par mèl le lien vers l'article du "Courier des Stratèges" m'avait répondu, en résumant parfaitement la situation :

        J'ai lu tout cet article absolument passionnant qui décortique parfaitement la stratégie des USA et que quelqu'un comme moi et beaucoup d'autres qui manquent de culture politique et d'arguments mais ont les yeux ouverts et un minimum de bon sens résument de la façon suivante : une fois de plus, les USA foutent la merde et cette fois-ci, c'est en Europe; après avoir explosé des pays du Moyen-Orient - les seuls, d'ailleurs qui "tenaient la route" comme l'Iran, l'Irak, la Syrie -et dézingué leurs dirigeants, un peu trop rétifs à leur goût.

        Avec des amis comme les USA, pas besoin d'ennemis.

        Et merci à tous les cons qui ont voté pour Macron, pour l'Europe et in fine, pour les Amerloques.

        Tu vois, Gérard, je suis contente d'avoir mon âge mais mon seul désir est qu'il existe un paradis, du haut duquel on puisse voir l'évolution de toute cette situation. Si tel est le cas, je mourrai heureuse car la seule chose qui me donne envie de continuer à vivre, c'est ma curiosité. Il faut bien reconnaître que cette époque, aussi attristante qu'elle soit, est passionnante.

         

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