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    Un éditorial de Valeurs Actuelles de ce 31 mars fait écho à cette mesure annoncée dans (une partie de) la presse:

    Vers l’insurrection dans les banlieues ?

    Confidences de policiers et éducateurs des territoires perdus du confinement

    Insurrections

    Par Nicolas Clément

    VALEURS ACTUELLES

    Publié le 31/03/2020 à 09:00

    Tirs de mortiers, émeutes, trafics... Depuis le début de la ‘‘guerre sanitaire’’, la délinquance gangrène quelques bataillons des quartiers dits-populaires. Sous les feux croisés de l’ordre et de l’apaisement, certains agents de l’Etat craignent un scénario proche des événements de 2005. Éducateurs spécialisés et policiers décrivent le climat dans les ‘‘quartiers’’.

    "De toute la politique, il n'y a qu'une chose que je comprenne, c'est l'émeute", disait Flaubert. Un siècle et demi plus tard, les mots du célèbre écrivain résonnent encore avec une acuité particulière dans tout l’Hexagone. Depuis maintenant deux ans, les manifestations des Gilets jaunes et les grèves contre la réforme des retraites ont assurément signé le retour définitif de la violence politique. Jusqu'alors, les banlieues étaient les grandes absentes de ce ré-ensauvagement de la rue. Aujourd’hui, alors que la France s’embourbe dans le confinement, la poudrière des “quartiers” pourraient bel et bien exploser...

    C’est en tout cas une éventualité qui semble effrayer les autorités. Le 26 mars dans Marianne, l’ancien préfet et spécialiste des banlieues Michel Aubouin délivrait un témoignage glaçant : "Quand on connaît la situation de ces territoires, il paraît évident que le confinement les met particulièrement en tension et que l’on peut redouter une explosion". En conséquence, la semaine dernière, les patrouilles de police dans les banlieues ont reçu comme consigne d’agir avec "discernement". Certes, le contenu de cet ordre peut de prime abord laisser songeur. Pourtant, le message est clair : craignant des débordements sans précédent, les autorités s’en remettent à l’adage du président Jacques Chirac, "il ne faut pas jeter de l’huile sur le feu".

    Entre maintien de l’ordre public et politique d’apaisement

    Avec cette stratégie d’apaisement, l’éternel problème des banlieues continue de se poser chez les forces de l’ordre. Un gardien de la paix actuellement en région parisienne témoigne : "Les collègues sont constamment tiraillés entre le boulot et la consigne de ne pas envenimer les choses. C’est de la politique", explique-t-il. "Ces quartiers-là ont tendance à être plus violents, on a l’habitude d’être en confrontation permanente. Avec le confinement, le rejet habituel de l’Etat est décuplé par les problèmes de commerce parallèle. Cependant, les tirs de mortiers ne sont pas seulement dus au coronavirus... Si ça n’avait pas été le confinement, ils l’auraient fait pour autre chose !", s’exclame le jeune agent, visiblement agacé.

    Interrogé sur la possibilité d’émeutes d’envergure dans les banlieues, le policier est loin d’exclure cette possibilité : "J’espère que nous n’en arriverons pas là. Il faudrait un confinement plus strict et plus court. Si la situation s’éternise, je crains non seulement des tensions dans les banlieues, mais surtout un ras-le-bol général...". Il poursuit : "Je ne sais pas ce qui pourrait être efficace. Nous avons affaire à des jeunes de 13 à 25 ans qui pensent vivre dans un clip de rap. Ils se prennent pour des gangsters. Quand on les interpelle, ils ressortent 4 heures après ou ne sont jamais condamnés. C’est un problème structurel et de mentalité, que la police, les médiateurs ou les professeurs seuls ne pourront jamais régler", conclut-il.

    Selon ce gardien de la paix, le sentiment d’impuissance face à la situation des banlieues est aujourd’hui couplé à un agacement face au deux poids deux mesures. Récemment, une jeune policière de 23 ans a été victime d’une agression grave dans une cité de Beauvais. Alors qu’elle s’apprêtait à contrôler une dizaine d’individus, la jeune femme a reçu une brique en pleine tête. La gardienne de la paix a été ramenée quelques instants plus tard à l’hôpital, dans un état critique. "Ça a été relayé 5 minutes dans les médias. Par contre, les affaires de violences policières en banlieue qui datent d’il y a 10 ans, on en entend encore parler".

    Concernés par le manque de matériel de protection sanitaire et la violence aux quotidien, les policiers ont déjà manifesté leur mécontentement à travers leurs syndicats. Dans un communiqué, Unsa police alerte Christophe Castaner : "Le ministère de l’Intérieur doit en sa qualité d’employeur protéger ses agents. Ça tourne en rond, rien n’avance ! C’est scandaleux ! Pas de protection implique [qu’il n’y aura] pas de contrôle, pas de verbalisation, pas d’accueil dans les services". Après les appels au calme de l’État envers ses forces de l’ordre et les menaces d’utilisation du droit de retrait de ces dernières, la situation parait plus hasardeuse que jamais dans les banlieues.

    Des éducateurs spécialisés abandonnés par leur hiérarchie

    Dans ces moments d’impasse politique, les éducateurs spécialisés sont systématiquement en première ligne pour apaiser les tensions qui agitent les "territoires perdus de la République".  A l’inverse du gardien de la paix S., éducatrice de région parisienne, ne s’inquiète pas quant aux craintes d’émeutes en banlieue : "Pour le moment, je n’ai rien vu d’anormal ou de changé". Néanmoins, son quotidien n’en demeure pas moins difficile : "Nous connaissons certes des moments formidables, mais nous sommes surtout habitués à vivre avec l’échec et la frustration. Il y a un véritable sentiment d’impuissance chez nous aussi", explique-t-elle sur un ton maussade. "Vous savez, ça n’est pas toujours facile de se réveiller tous les jours pour aller se faire insulter. Il arrive souvent qu’on aille au travail à reculons."

    Depuis le début du confinement, la tâche déjà laborieuse des éducateurs semble être devenue plus rude encore. Dans son foyer dédié aux mineurs délinquants, l’éducatrice et son équipe sont confrontés chaque jour à des problématiques liées aux nouvelles mesures sanitaires. A l’instar de beaucoup de Français sommés d’outrepasser le confinement, le personnel des foyers n’est en aucun cas équipé en gel, masques ou respirateurs. D’après S., cette situation expose les éducateurs à de très hauts risques de contagion, notamment au contact d’enfants peu respectueux du confinement.

    Parmi les quatre mineurs présents dans l’établissement, seul un a pu être renvoyé chez ses parents. Pour les autres, cette option s’est avérée impossible : "Il y a beaucoup de “gamins” qui n’ont pas ou simplement plus de familles". Dans le foyer, des "gosses" ont été recueillis après avoir été écartés de leur cercle familial, jugé "violent ou insalubre". Dans d’autres cas, la prétendue absence de famille prend ses racines dans des problèmes plus politiques. Comme en témoigne l’exemple de H., Somalien arrivé il y a peu en France, certains sont placés en foyer grâce à de véritables mascarades juridiques. La jeune recrue du foyer explique : "H. est reconnu mineur, même s’il est sûrement plus vieux que moi... Ce genre de cas arrive assez fréquemment. Les juges font en sorte qu’ils soient mineurs sur le plan administratif pour leur donner plus de temps pour s’insérer". En réalité, sa famille est restée en Somalie et ce dernier ne bénéficie pas d’autre logement que le foyer.

    Non contents d’héberger les “jeunes” en pleine pandémie, les éducateurs peinent également à leur faire respecter le confinement. "Lorsqu’on est éduc’, il faut faire avec l’environnement des “gamins”, leur culture...", raconte l'un d'eux. "Cela prend un temps considérable de les faire se réinsérer, de régler leurs problèmes de cannabis, d’alcool, ou de substances plus dangereuses encore. Par exemple, il y a cette drogue, le Rivotril, qu’ils appellent “dame courage”, car elles les poussent à braver leur peur lors des vols ou autres exactions. En plus de tout cela, il faut aussi faire face à leur “appel de la rue”".

    Pour beaucoup, cet appel de la rue se traduit souvent en appel du business. Fréquemment en contact avec des dealers dans son foyer, S. témoigne : "La mère du “gamin” qu’on a renvoyé chez ses parents nous a contacté toute la semaine dernière. Malgré les interdictions, son fils n’a pas arrêté de fuguer. Selon nos informations, il sortirait pour aller “vendre” autour de chez lui." déplore-t-elle, défaite. "On en a un autre qui a fugué pour aller dealer aux alentours du foyer. Celui-là a été placé en famille d’accueil depuis un moment... trop violent. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un grave problème : sa famille ne veut plus le reprendre. Ils ont peur qu’il soit contaminé. On ne sait vraiment pas ce qu’on va faire...".

    Si S. n’est pas particulièrement inquiète quant à la possibilité d’une insurrection, elle affiche volontiers son désespoir. "L’État n’a plus aucune autorité dans les quartiers. C’est comme ça depuis le début" soupire-t-elle, dépitée. A entendre son témoignage, un maillon supplémentaire semble être sur le point de se briser dans la fonction publique. Actuellement en arrêt de travail, cette dernière est "à bout". Selon ses dires, "..la hiérarchie est absente et les chefs de service ne sont pas formés. Tout le monde veut partir. C’est la première fois que je me demande si je veux changer de travail". Au final, deux perspectives demeurent : la rupture ou le pourrissement. Les prochains jours diront si l’État usera de force ou de dialogue.

     

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    Quand Le parisien joue les reporters de crise dans la Goutte d’Or

    Cher journal

    Nous, organisations associatives, politiques et syndicales, habitant•e•s, militant•e•s, travailleurs et travailleuses du 18e arrondissement, n’en pouvons plus de ce traitement nauséabond de l’actualité locale.

    Notre quartier populaire, digne et solidaire –ne vous en déplaise– mérite mieux que vos articles racistes et méprisants.

    Si vous n’êtes pas capable de parler de nos quartiers avec le sérieux qu’ils méritent, alors ne les couvrez plus ! D’autres s’en chargeront.

    https://leparia.fr/tribune-quand-le-parisien-joue-les-reporters-de-crise

    ...suit une pétition où vous pouvez apposer votre nom sous ceux de Olivier Besancenot (postier dans le 18me), Amélie Blom (chargée de cours, Sciences Po), Dawud Bumaye (militante afroféministe), Gerty Dambury (autrice et membre fondatrice de Décoloniser les arts), Vikash Dhorasoo (footballeur), Karim Kouhi (comité de soutien aux migrants de la Chapelle), Giovanna Rincon (activiste trans féministe ) et quelques dizaines d'autres défenseurs des opprimés.

     

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 31 Mars 2020 à 23:11

    Il faut dire que le confinement dans des locaux minuscules doit être très mal supporté. Ce sont des  cages à lapins. Dans ces quartiers les jeunes vivent dehors.

      • Mercredi 1er Avril 2020 à 13:01

         @ Dr WO...

        C'est une façon de voir les choses...

        ...des quartiers abandonnés de tous:

        • pas de logement décent (ailleurs, les "cages à lapins" seraient spacieuses et bien entretenues)
        • pas d'emploi (sauf quelques jobs bien rémunérés, mais sujets à d'éventuels "règlements de compte") 
        • pas d'éducation nationale (les enseignants ne tiennent pas tant que ça à y rester trop longtemps)
        • pas de police (quand les policiers n'y risquent pas simplement leur vie, on modère leur zèle professionnel)
        • pas d'armée (leur Chef hésite encore à l'y envoyer malgré quelques demandes, sauf pour y faire le docteur)

        ...et puis, les traditions de vivre dehors et de caillasser ou molotoviser tout ce beau monde fait partie des tradition et coutumes locales, ce qui ne facilite pas les échanges...

        J'oubliais: 

        • pas de service de santé (soignants et services de secours agressés -heureusement il y a la "réserve sanitaire" ?)

         

    2
    Pascalien
    Mardi 31 Mars 2020 à 23:59

    Culture de l'excuse pas morte. Stop. Vieux texte suit. Stop. "J’ai souvent dit que tout le malheur des hommes vient de ne savoir pas se tenir en repos dans une chambre." Stop.

     

     

      • Mercredi 1er Avril 2020 à 14:26

        @ Pascalien...!!

        tsss... tsss... Toutes les excuses ne sont pas valables !

        Des fakes-news complotistes rapportent que des citoyens français ont été verbalisés, par exemple, pour être aller acheter du pain à vélo (sur un vélo de sport : interdit), ou qu'un couple de retraités (on en trouve encore...) l'a été pour être allé au super-marché à deux dans le même véhicule . Un trafiquant de drogue l'aurait aussi été pour ne pas avoir son attestation sur lui au moment du contrôle.

        Par contre, une tolérance est admise si votre boucherie halal habituelle est située en dehors de votre zone de confinement commercial. (ils l'ont dit à la télé)

        Comme quoi, y'a de tout...

         

    3
    Mercredi 1er Avril 2020 à 10:50

    Curieux! On ne souligne même pas le danger que représente le refus du confinement.pour ceux qui ne le respectent pas. Et pour les autres qui le respectent.

      • Mercredi 1er Avril 2020 à 13:47

        @ Pangloss...

        Si ceux qui ne respectent pas le confinement ne se mettaient que eux-mêmes en danger... 

        Mais le 9/3 est le département le plus touché de la région parisienne qui est elle-même la région la plus touchée par le virus et par les "violences faites aux femmes" pendant le confinement :

        ATTENTION: cette affiche n'est pas l'affiche officielle approuvée et validée par le Secrétariat d'Etat idoine 

    4
    Souris donc
    Mercredi 1er Avril 2020 à 13:02

    Je commence à tourner en rond disikilibri avec ce confinement. Je peux comprendre que le dealer ait besoin d'air pour son biz.

    Nos industriels, Air Liquide, Schneider Electric, Valeo, PSA, convertissent leurs lignes production en fabrication de respirateurs. Fin du con-finement ?

      • Mercredi 1er Avril 2020 à 13:58

        @ Souris donc...!!!

        Allons bon !

        Pourquoi n'allez-vous pas piller les magasins d'alimentation (rayons halal ou autres) ou cramer une ou deux bagnoles de keufs ?

        A priori vous risquez éventuellement une amende de 135 € pour non respect du confinement sans motif reconnu par le décret du 23 mars (enfin, ça dépend des régions : tout est expliqué ICI )

         

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