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Certaines tentations, quand même...
Le "Notre Père", la plus connue des prières chrétiennes, va devoir être récité ce week-end dans les églises de France dans une version retouchée.
À partir de ce dimanche 3 décembre, il ne faudra plus dire "et ne nous soumets pas à la tentation", qui pouvait laisser penser que les fidèles étaient poussés au péché, mais "et ne nous laisse pas entrer en tentation", qui érige plutôt le Créateur en protecteur bienveillant en cette période de l'Avent.
Alors, c'est peu dire que les laïcards s'en donnent à cœur-joie pour se mort-de-rigoler (juste un peu plus fort que quand "Libé", sérieux comme un Pape, se demandait: "Faut-il écrire "Allahou akbar" ou "Allah akbar" ?".) et ressortir leurs artistes vénérés, leurs pompes et leurs œuvres:
Je ne te salue pas
Je ne te salue pas
Toi qui vis dans les cieux
Athée, j'habite en bas
De ton toit prétentieux
Au milieu des charniers
Avec tes dobermans
Je ne te salue pas
Toi qui te crois mon Dieu
Je ne te salue pas
Toi qui vis dans les cieux
Pacha, mauvais sherpa
Coupeur de bites en deux
P.D.G. des nuages
Vendeur de faux voyages
Dealer de poudre aux yeux
Metteur de filles en cage
Je ne te salue pas
Toi qui te crois mon Dieu
Je ne te salue pas
Toi qui vis dans les cieux
Le monde, et pourquoi pas?
Un gosse aurait fait mieux
Eve aurait eu le droit
De faire des tartes aux pommes
Je ne te salue pas
Toi qui te crois mon Dieu
Je ne te salue pas
Toi qui vis dans les cieux
Quelque part en banlieue
Tes bourses à Washington
L'univers les oublie
Et Satan les pardonne
Je ne te salue pas
Toi qui te crois mon Dieu
Je ne te salue pas
Toi qui vis dans les cieux
A mon dernier repas
Pas "mon fils" ni "machin"
Un père, j'en ai déjà un
Qui arrachait les clous
Quand on clouait mes poings
Je ne te salue pas
Toi qui te crois mon Dieu
Je ne te salue plus
Toi qui vis dans les nues
Épargne un peu le monde
Mais qu'au moins soient sauvés
Ceux qui savent leurs avés
Un pavé rouge et bleu
Dans la vitre des dieux
Se peut-il être sans clocher
Une insulte pour t'approcher?Pater noster
Notre Père qui êtes aux cieux
Restez-y
Et nous nous resterons sur la terre
Qui est quelquefois si jolie
Avec ses mystères de New York
Et puis ses mystères de Paris
Qui valent bien celui de la Trinité
Avec son petit canal de l'Ourcq
Sa grande muraille de Chine
Sa rivière de Morlaix
Ses bêtises de Cambrai
Avec son Océan Pacifique
Et ses deux bassins aux Tuilleries
Avec ses bons enfants et ses mauvais sujets
Avec toutes les merveilles du monde
Qui sont là
Simplement sur la terre
Offertes à tout le monde
Éparpillées
Émerveillées elles-même d'être de telles merveilles
Et qui n'osent se l'avouer
Comme une jolie fille nue qui n'ose se montrer
Avec les épouvantables malheurs du monde
Qui sont légion
Avec leurs légionnaires
Avec leur tortionnaires
Avec les maîtres de ce monde
Les maîtres avec leurs prêtres leurs traîtres et leurs reîtres
Avec les saisons
Avec les années
Avec les jolies filles et avec les vieux cons
Avec la paille de la misère pourrissant dans l'acier des canons.
Avec un tout petit-petit peu d'humour et d'autodérision, ils auraient aussi pu nous présenter ça:Athée, oh, grâce à Dieu
Catholique par ma mère
Musulman par mon père
Un peu juif par mon fils
Bouddhiste par principe
Alcoolique par mon oncle
Dépravé par grand-père
Sans classe par vieille honte
Névrosé par grand-mère
Royaliste par ma mère
Fataliste par mon frère
Communiste par mon père
Marxiste par mimétisme
Hépatique par la guerre
Ruiné par les sœurs-âmes
Vieilli par la bonne chère
Abruti par ces dames
Athée, oh, grâce à Dieu
Fripon comme un matou
Vertueux comme un principe
Coureur comme un toutou
Foutu comme un as de pique
Sensuel comme un caniche
Modeste comme personne
Dépravé comme un homme
Cabot comme un ministre
Double comme un notaire
Jouisseur comme un avare
Dur comme un militaire
Tendre comme un buvard
Ivrogne comme une vasque
Coureur comme un baryton
Con comme un ténor
Et beau comme le Veau d'Or
Athée, oh, grâce à Dieu
Cocu par ma moitié
Brimé par ma concierge
Haï par mes voisins
Détesté par les chiens
Raté pour les affaires
Ruiné par bonté d'âme
Malheureux comme un âne
Gâteux comme un fils-père
Catholique par ma mère
Musulman par mon père
Un peu juif par mon fils
Bouddhiste par principe
Royaliste par ma mère
Communiste par mon père
Raté par mes aïeux
Athée, oh, grâce à Dieu
Athée, oh, grâce à DieuAlors, comme j'ai (aussi) un minimum de superficialité culturelle à étaler, et en tant que présumé mécréant, kafir, et "الكلب الكافر" (ou "chien d'infidèle" en souchien), je me permets de leur dire que:
Les chiens, quand ils sentent la compagnie,
Ils se dérangent, ils se décolliérisent
Et posent leur os comme on pose sa cigarette quand on a
Quelque chose d'urgent à faire
Même et de préférence si l'urgence contient l'idée de vous foutre sur la margoulette...Amen.
Et que j'aimerai bien "entrer en certaines tentations..." !
Tags : christianisme
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Commentaires
2Souris doncDimanche 3 Décembre 2017 à 23:38Superbe recension, Bedeau. Le verbe "soumettre" est, comment dire, houellebecquien ?
https://leblogdenathaliemp.com/2017/11/25/raphael-enthoven-notre-pere-de-la-connerie-a-la-classe/
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Lundi 4 Décembre 2017 à 12:51
Je ne connais pas les motifs qui ont poussé cette fameuse mais un peu méconnue "commission épiscopale catholique chargée des traductions liturgiques pour les pays francophones" (ouf) à faire cette nouvelle traduction : se démarquer de l'islam ce serait relativement inédit, mais une bonne raison, vouloir se déshouellebecquieniser serait une des pires...
Pour ma part, j'avais appris le Notre Père dans sa version primitive et vouvoyante:
"Notre Père, qui êtes aux cieux,
"que votre nom soit sanctifié,
"que votre règne arrive,
"que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
"Donnez-nous aujourd’hui notre pain de chaque jour ;
"pardonnez-nous nos offenses,
"comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ;
"Et ne nous laissez pas succomber à la tentation ;
"mais délivrez-nous du mal."Ainsi soi-il"
Qui me convenait assez bien comme formulation (je m'y étais habitué...), même si, parfois, j'ai comme l'impression qu'Il m'a laissé succomber plus que prévu, mais c'est une autre histoire... et que pardonner à ceux qui nous ont offensés, bon, ben, oui, d'accord, mais pas trop quand même ...
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je le récite trop peu souvent pour que ça change ma vie et puis j'aime pas le tutoiement, moi, j'ai appris à dire vous , c'est moins familier et plus poli
amitiés
C'est pas faux ! De mon côté s'il fallait que je me fasse absoudre mes pêchés, il faudrait que je récite une "sacrée" tripotée (aucun sous-entendu dans cette expression!) de pater et d' Ave..
A ce propos, au risque de passer pour un peu réactionnaire, j'aimais aussi bien la version latine, chuchotée dans la pénombre et les odeurs d'encens...
"Pater noster, qui es in caelis
"sanctificetur nomen tuum
"adveniat regnum tuum
"fiat voluntas tua
"sicut in caelo et in terra.
Car, comme disait Georges (pas le marchand de café, l'autre...) :
Ils ne savent pas ce qu'ils perdent
Tous ces fichus calotins
Sans le latin, sans le latin
La messe nous emmerde.
A la fête liturgique
Plus de grandes pompes, soudain
Sans le latin, sans le latin
Plus de mystère magique.
Le rite qui nous envoûte
S'avère alors anodin.
Sans le latin, sans le latin
Et les fidèles s'en foutent
O très Sainte Marie mère de
Dieu, dites à ces putains
De moines qu'ils nous emmerdent
Sans le latin...