• Ca soulage de lire Libé...

    Ca soulage de lire Libé...

    Je ne suis pas un lecteur régulier de Libé mais, des fois, ça fait bien plaisir de voir Laurent Mouchard, plus connu sous le nom de Laurent Joffrin, leur "directeur de la rédaction et de la  publication" faire part à ses rares lecteurs payants (hors bibliothèques scolaires et  municipales) de ses états d'âme de pucelle effarouchée voyant le loup pour la première fois...

     

     

     Dans le numéro de Libé du 26 octobre... 

    ou, quand Lolo se désespère et se fâche... 

    ou, "Macron... AU SECOURS...! Tout est pardonné..."

     

    Les droites radicales fondent sur le globe

    Ca fait du bien de lire Libé...

     

     

    Brésil, Turquie, Philippines, États-Unis, Europe… Les démocraties voient des leaders nationalistes et populistes accéder au pouvoir ou monter dangereusement dans les sondages. Un phénomène nourri par la défiance envers les élites et la xénophobie.

    Comme les civilisations, les démocraties sont mortelles. Moribondes ? Certes non: les régimes démocratiques n’ont jamais été aussi nombreux sur la planète et beaucoup d’entre eux sont très solides. Nous ne sommes pas dans les années 30. Mais un mal nouveau les guette, un mal plus insidieux, plus pernicieux, un mal qui vient de l’intérieur et qui ronge la culture démocratique. La mappemonde que nous publions en montre l’extension : dans de nombreux pays, le national-populisme ne cesse de gagner du terrain. Point de dictature ouverte. Mais une conquête progressive qui, au nom de la nation, écorne l’État de droit, abaisse le débat public, érode les libertés, contraint les minorités, attaque le droit des femmes et désigne presque partout l’étranger comme bouc émissaire.

    "Liberté, égalité, fraternité", dit la République française. "Identité, sécurité, intolérance", répondent les nationalistes. Des méthodes légales, un appel à la souveraineté populaire, peu de violence physique : le fascisme n’est pas aux portes. Mais partout les mêmes thèmes, les mêmes simplismes, les mêmes slogans agressifs et sommaires dominent. Il y a les "démocratures", comme la Turquie, passée sous la coupe du sultan Erdogan. Il y a surtout la victoire de partis réactionnaires coulés dans le moule constitutionnel, au pouvoir en Italie, en Hongrie, aux États-Unis ou aux Philippines. Et bientôt, il faut le craindre, au Brésil. Il y a enfin, un peu partout, ces partis xénophobes, homophobes, déclinistes, climatosceptiques pour la plupart, expéditifs en matière de sécurité, rétrogrades en matière de mœurs, qui remplissent les urnes et vident les têtes au profit d’affects sommaires, de mobilisations simplistes, une sorte de marée brunâtre qui s’infiltre au sein de régimes jusque-là officiellement dédiés au progrès et à la liberté.

    Épidémie

    Une sociologie paresseuse incrimine la crise économique, les inégalités, les fractures sociales. Elles jouent leur rôle, reléguant une grande partie des classes populaires dans une misère relative et un enfermement urbain ou campagnard qui nourrissent un sentiment d’abandon, offrant un terrain fertile aux démagogues. La version libérale de la mondialisation menace les acquis, creuse les différences de revenus, mine les protections, brouille les repères, bouche l’avenir des plus défavorisés. Le libéralisme sans frein, fourrier du nationalisme.

    Mais l’épidémie ne se limite pas aux pays pauvres ou inégalitaires. La Suisse, État riche et équilibré, a elle aussi son parti intolérant, tout comme les nations scandinaves et les Pays-Bas, qui ont fait tant d’efforts en faveur de la protection sociale et de l’intégration. La crise économique plante un décor. Elle n’explique pas la pièce. Ce sont les facteurs culturels, sociétaux, qui font la vraie différence. "On est chez nous !". Partout, le slogan résume l’humeur des peuples. C’est bien ce qui rend la tâche des démocrates, des progressistes ou de la gauche si difficile, eux qui sont voués à la tolérance et à l’ouverture. Que répondre à ceux qui ont le sentiment de ne plus s’appartenir ? Que ce sont des racistes ? Un peu court. De même le prêche en faveur du "vivre-ensemble", juste à tous égards mais aussi irénique quand les quartiers populaires se transforment en ghettos, que les communautés s’épient et parfois s’affrontent, que les cités concentrent tous les maux et que les villages vivent dans l’angoisse du délaissement.

    Bouc émissaire

    Dans ces conditions, l’identité et la nation deviennent le seul patrimoine de ceux qui n’en ont pas, tandis que le refuge identitaire rassure symétriquement les minorités laissées hors les murs. L’immigration devient naturellement, au sein de la population, le bouc émissaire de tous les ressentiments. Souvent elle explique la percée subite de tel ou tel parti de la fermeture. En Allemagne, en Suède, au Danemark, tous pays généreux et ouverts, elle a suscité une réaction politique ravageuse. En Italie, l’humiliation d’un pays laissé par l’Europe seul face à la vague migratoire de 2015, a propulsé la Ligue, jusque-là confinée au régionalisme du Nord, en tête des votes populaires.

    L’insécurité joue aussi son rôle. C’est l’impuissance de la démocratie philippine à contrer l’emprise des gangs qui explique la victoire de Rodrigo Duterte, qui les combat désormais avec des méthodes de gangster. C’est elle aussi qui a gonflé le score de Jair Bolsonaro, ce militaire nostalgique de la dictature en passe de conquérir dimanche le pouvoir au Brésil. Le rejet des élites, enfin, réunit la plupart des votes populistes. Élites corrompues, comme au Brésil ; élites retirées sur l’Aventin de leur prospérité, comme dans tant de pays, vivant dans un monde ouvert, protégé par la barrière des prix de l’immobilier dans les grandes capitales ; élites impuissantes, surtout, dont les promesses de redressement font long feu, dont le libéralisme économique et culturel crée incompréhension et colère, tant elles sont coupées du reste de la population.

    Quand la démocratie classique, conservatrice ou social-démocrate, ne parvient pas à soigner les maux de la société, cette dernière se tourne vers un régime plus musclé, plus intolérant, plus fermé, qui invoque le déclin pour nourrir un discours national agressif et l’immigration pour élever de nouveau murs et frontières. Sur ce point, la leçon des années 30 est toujours opérante. Faute d’avoir jugulé la crise économique, rendu un avenir à la nation, maintenu l’ordre civique, surmonté les fractures culturelles et sociales, les démocraties d’Europe (l’Italie, l’Allemagne, la Hongrie, la Pologne, l’Espagne ou la France) ont succombé l’une après l’autre sous les coups des fascismes. Pour avoir rendu l’espoir aux classes populaires, donné une perspective à la nation, réuni avec habileté une coalition politique autour de son projet, Roosevelt a vaincu les leaders populistes de son temps, Lindbergh, Huey Long ou le père Coughlin, alors même que la crise de 1929 fut plus violente aux Etats-Unis qu’en Europe.

    Danger

    La maison brûle et on regarde ailleurs. Vrai pour le climat, l’aphorisme vaut aussi pour la démocratie. Le danger est réel, palpable, immédiat. Les ingrédients du national-populisme sont présents, sous nos yeux. Les remèdes ? Ils sont faciles à énoncer. C’est la mise en œuvre qui manque. Une politique de l’immigration humaine, tournée vers l’accueil et l’ouverture, mais une ouverture organisée, aux règles stables et claires. Un refus républicain – tolérant mais ferme – de la dérive communautaire, qui est l’antichambre de l’affrontement. Une politique économique tournée vers la protection et la promotion des classes populaires, quitte à jeter aux orties le carcan délétère de l’orthodoxie. Des réformes sociales qui ne soient pas synonymes de sacrifices, demandés toujours aux mêmes, mais qui restaurent de manière tangible l’idée de progrès. Un projet pour la nation, qui lui rende sa vraie identité, fondée sur la justice et la liberté, à l’opposé des enfermements ethniques. Un comportement des élites, enfin, qui les sorte de leur tour d’ivoire et les réconcilie avec le reste de la population, par une compréhension des épreuves qu’impose la mondialisation aux peuples, par une attitude de respect et non de commisération lointaine. Cette condition est cruciale : sans elle, le dégagisme sévira encore, au bénéfice des ennemis de la liberté. Il faut une prise de conscience urgente. De toute évidence, nous en sommes loin…

    Laurent Joffrin

    « Pomponnettes et cucurbitacées (MàJ)RTT ou EM/SFC ? * »

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  • Commentaires

    1
    Lundi 29 Octobre 2018 à 22:49

    yaka...

      • Mardi 30 Octobre 2018 à 11:03

         

        Yaka et Fokon étaient dans le même bateau, Fokon est tombé à l'eau... tout comme ses vagues projets!

         

    2
    Souris donc
    Mardi 30 Octobre 2018 à 08:54

    Les autruches commencent paresseusement à sortir la tête du sable.

      • Mardi 30 Octobre 2018 à 11:24

        Ils (elles) n'ont peut-être pas trop le choix...

        Le sable pour endormir les petits zenfants commence à manquer sérieusement à tous les joueurs de pipeau !

         

    3
    Mardi 30 Octobre 2018 à 20:20
    Pangloss
    Dans les pays dit démocratiques les gouvernants ont trop longtemps agité le spectre du fascisme pour apparaître comme "lestions pires". Il semble que les électeurs qui veulent se débarrasser d'eux n'ont plus que le seul choix qui leur est laissé.
      • Mardi 30 Octobre 2018 à 21:22

        ... "le jour où les électeurs voudront et pourront et sauront comment se débarrasser d'eux...", ce n'est pas encore demain qu'on sortira de l'auberge pour raser gratis... (voir, à ce sujet, la dernière partie du livre d'Obertone "La France interdite" ("le mythe de la démocratie") et sa triste conclusion "Et pendant ce temps-là, depuis des décennies, le Français suit, le Français vote, bien comme il faut, métronomiquement. Et il a absolument tout ce qu'il ne veut pas..."

        en attendant...

         

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    4
    Mardi 30 Octobre 2018 à 20:21
    Pangloss
    "les moins pires". Vacherie de correction automatique!
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