• "007" (par Eric Z.)

     

    dans" Figaro-Vox" - par Eric Zemmour - le 6 novembre 2020

    Éric Zemmour:

    "James Bond ou l’été indien de l’homme occidental"

    Sean Connery, disparu la semaine dernière, incarnait le héros d’une époque où la virilité n’était pas diabolisée.

    007 (par Eric Z.)

    Il était James Bond. Pas le meilleur, le seul. Non pas qu’il fût plus beau, plus viril, plus alerte, plus sportif que ses successeurs. Son talent d’acteur n’était pas particulièrement supérieur aux autres. Mais Sean Connery, disparu la semaine dernière à l’âge de 90 ans, a eu la chance d’incarner le héros dans une époque aujourd’hui disparue. Une époque où la virilité n’était pas dénigrée, ostracisée, diabolisée, pénalisée. Une époque où un séducteur, "un homme qui aimait les femmes", n’était pas considéré comme un violeur en puissance. Une époque où la beauté des femmes n’était pas la preuve de leur aliénation au patriarcat. Une époque où l’homme occidental ne devait pas se justifier d’un "privilège blanc" dans les pays que ses ancêtres avaient façonnés. Une époque où les nations européennes étaient différentes entre elles mais homogènes à l’intérieur, alors qu’elles sont devenues toujours plus uniformisées par la mondialisation et toujours plus désagrégées au sein de chacune d’entre elles par l’invasion migratoire.

    Sean Connery incarne avec une superbe de chevalier d’antan ces Anglo-Saxons qui ont gagné les deux grandes guerres du XXsiècle. Ils n’ont pas subi les affres de la défaite ni les miasmes de l’Occupation qu’ont connus les Français et les Allemands. Ils en ont tiré un complexe de supériorité – celui-là même que Stendhal a bien décrit chez les Français au temps des victoires napoléoniennes – qui crève les écrans de ce temps-là.

    James Bond est l’incarnation du culte de la science et de la technique à son firmament avant que les écologistes ne nous culpabilisent. Une synthèse des mythes occidentaux du XIXe siècle. Un mélange d’Alexandre Dumas et de Jules Verne. Il nous fait croire à la fameuse prophétie de Victor Hugo: "Le XIXe siècle est grand ; le XXe sera heureux."

    Le charme de ces films-là n’est pas cinématographique mais anthropologique. L’homme occidental vit une période dorée et il ne sait pas que c’est son été indien. C’est le temps d’une certaine innocence. Celle des années 1950 et 1960. À la fois la liberté comme on n’en a jamais connu, le progrès économique et social, et la paix. Il ne sait pas que son monde va s’effondrer sous les coups de ces jeunes chevelus des campus américains qu’il contemple avec une pointe de mépris. Il fait la guerre bien sûr, mais les méchants qu’il combat sont de pacotille. La bombe atomique – tant dénoncée à l’époque par les compagnons de route du communisme – nous protège d’une guerre entre ce qu’on appelle alors les "deux blocs".

    Sean Connery n’a pas cette pointe d’autodérision qui fait le charme de certains de ses successeurs, comme Roger Moore ; et qu’on retrouve surtout chez nos séducteurs français (Delon, Belmondo, Gabin, Ventura, Montand) ou italiens (Gassman, Mastroianni). À l’époque, on faisait le distinguo ; on hiérarchisait, on raillait. Avec le recul, on se contente de regretter. La nostalgie est un bloc.

     

    complément d'info :

    "James Bond" : le prochain agent 007 sera une femme noire et bisexuelle :

    Lashana Lynch

    007 (par Eric Z.)

    lire : Pourquoi l’annonce du futur agent 007 fait-elle bondir les cons ?

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Nada. John Nada.
    Vendredi 6 Novembre 2020 à 23:49

    @bedeau : Comme tout le monde, j'ai vu -- pas toujours volontairement -- deux ou trois épisodes de la série des James Bond avec chacun des acteurs (sauf pour Lazenby qui fut un hapax) : à partir de ce sondage probablement représentatif, le meilleur Bond était Timothy Dalton dans *License to kill*. Connery, de plus en plus cabotin, m'a semblé surestimé, dans ce rôle comme dans d'autres (à part "Le lion et le vent", "La rose et la flèche" ou "A la poursuite d'Octobre rouge" : mais c'est grâce aux scénaristes). Il est calamiteux dans "Lancelot" (les autres acteurs aussi, à l'exception du méchant) et sa participation au pitoyable "Chapon melon et bottes de cuir" est un méfait. Ces dernières décennies, les dames de mon entourage m'ont toutes dit, sans se concerter, préférer Connery vieillissant à Connery Bond. Son frangin n'était pas pire que lui, qui a joué dans une parodie fauchée mais regardable, "Operation frère cadet".

    J'ai survolé l'article que vous donnez en lien (sans "warning label" !) : à l'évidence, la kronne (retour de politesse) qui l'a pondu est une vraie journaliste : elle écrit comme un pied, et ne sait pas de quoi elle parle. Elle n'a jamais vu que plusieurs des (plus ou moins) ravissantes des James Bond sont des personnages forts sans donner dans le féminisme agressif et imbécile (Michelle Yeoh, entre autres, était excellente, tout comme Carey Lowell ou Maud Adams). Elle ne semble même pas savoir que Bond a été marié -- et avec Diana Rigg qui ne passe pourtant pas inaperçue, capable encore de faire oublier toutes les autres actrices dans les scènes de "Game of Thrones" où elle apparaît alors qu'elle était une vieille dame au regard encore pétillant.

    Besson, à l'époque lointaine où il avait encore un petit talent, bien avant la dégringolade qui l'a mené d'abord à la presse féminine puis au Point, avait écrit une chronique où par avance il faisait le scénario d'un Bond devenu écolo et politiquement correct : elle figure dans le recueil "Sonnet pour Florence Rey et autres textes".

    Je ne sais pas ce que valent les livres de Fleming ; existe une série d'espionnage et de science-fiction, "Agent de l'empire terrien", dont le héros, Dominic Flandry, semble une manière de Bond, en plus intelligent que celui des films. L'auteur en est le grand Poul Anderson.

      • Nada. John Nada.
        Samedi 7 Novembre 2020 à 02:11

        P.S. : Ai été injuste. Parmi les bons films avec Connery mais pas à cause de Connery, "L'homme qui voulut êtreroi" et "Soleil levant" : là encore, les scénaristes.

        Mankiewicz a pu faire un film, "Sleuth", reposant sur deux acteurs, Olivier et Caine. Il n'aurait pu avec Connery.

        Amusant : c'est comme les morts avec le virus de Wuhan, mais pas à cause du virus de Wuhan. :-)

      • Samedi 7 Novembre 2020 à 13:09

        @ Nada. John Nada...

         

        Il m'est arrivé de voir sans déplaisir quelques "James Bond" avec l'un ou l'autre des différents acteurs l'ayant interprété... Pour être honnête, je m'intéressais davantage au scénario et à l'action qu'au jeu des acteurs et à leurs qualités intrinsèques. 

         

        J'ai été par contre très déçu par son rôle dans "Le nom de la Rose", mais ça tient plus au réalisateur du film (dont je tairai le nom) qui a détourné sans complexe le sens du roman de Umberto Eco et le personnage de Guillaume de Baskerville.

         

        Si on en croit divers autres sites que je ne consulte qu'après avoir mis à jour mon anti-virus et mon pare-feu  ("les Inrocks", "Première"...) "C'est la géniale scénariste britannique Phoebe Waller-Bridge –à l’origine des séries Fleabag (ouch) et Killing Eve (eek) – qui a été appelée en renfort pour adapter scénario..." (j'en suis tout retourné)

         

      • Samedi 7 Novembre 2020 à 15:11

        @ Nada, John Nada...

        Entre deux commentaires et autres bricoles, j'ai pris mon temps pour découvrir "Sleuth"...

        N'étant pas cinéphile, je ne sais pas si Mankiewicz aurait pu faire ce film avec Sean Connery ou un autre acteur, mais je me demande si un autre réalisateur aurait pu réaliser ce film (et cet exploit) même avec les acteurs qu'il avait choisi ?

         

      • Nada. John Nada.
        Samedi 7 Novembre 2020 à 15:24

        @bedeau : Le sujet étant Connery, je n'ai pas jugé utile d'évoquer les scénarios. Existent de nombreux générateurs pipotroniques d'intrigues à la James Bond : ça en dit long. ;-)

        Allons, ce réalisateur a aussi fait "Coup de tête" (flemme de vérifier).

        Mankiewicz est unique, tout comme Lewin quand il est excellent (*Le portrait de Dorian Gray*, *Pandora*, *Bel Ami*, *The Moon and Sixpence*). Evitez le "remake" moderne de *Sleuth* avec Caine et Law : c'est une mauvaise action, et Caine aurait été mieux inspiré de refuser (tout comme de jouer dans des Batman !). La bio de Mankiewicz par Mérigeau est excellente ; je n'ai pas lu celle de Brion, qui serait bonne.

        Et le plus drôle, c'est que je ne suis pas cinéphile, tenant le cinéma pour un art mineur, juste supérieur au jeu vidéo. C'est la faute au vieux cinéclub d'A2 ou FR3, je ne sais plus. ;-)

        Je n'y pense que maintenant : les rares fois où Connery s'est élevé très au-dessus de ses capacités ordinaires, c'est grâce à un scénario ou à un réalisateur. Même phénomène pour l'acteur principal de *Gladiator*, nul avant et nul après. Rome l'avait ennobli, comme tous les autres du casting.

         

      • Samedi 7 Novembre 2020 à 16:38

        @ Nada, John Nada...!

        Un intérêt de ma part pour certaines disgressions... wink2 !

         

    2
    Samedi 7 Novembre 2020 à 08:49

    Echanges intéressants. Il est certain que les anciens "Bond" sont à l'image d'une époque révolue et plutôt heureuse sans macération dans la culpabilité.

      • Samedi 7 Novembre 2020 à 13:33

        @ Dr WO...!

        Je dirais même plus : échange enrichissant.

        Dans le même ordre d'idée et comme il avait été suggéré sur Twitter, on pourrait remplacer Whoopi Goldberg par Bernard Menez ou Gérard Hernandez dans la saga de "Sister Act" (série assez anti-catholique par ailleurs, mais ce n'est pas le sujet)

         

    3
    Souris donc
    Samedi 7 Novembre 2020 à 09:26

    Il n'y avait pas ces mégères néoféministes promptes à stigmatiser le mâle blanc, raciste, violeur et saccageur de planète. Les Trente Glorieuses n'avaient pas peur d'admirer .

      • Samedi 7 Novembre 2020 à 13:58

        @ Souris donc...

         

        Effectivement, Sean Connery ou plutôt son rôle en tant que James Bond représente une certaine forme de virilité et de séduction, la défense de l'Occident et le triomphe de la technologie... toutes les mauvaises cases sont cochées. A l'inverse, Lashana Lynch est une femme, noire,  bi-sexuelle : BINGO...! (il ne manque plus que d'apprendre qu'elle est végane et soutient financièrement le mouvement de Greta Thunberg et a qu'elle appelé à voter contre Trump...!)

         

    4
    Pangloss
    Samedi 7 Novembre 2020 à 10:16

    C'est tout simplement grotesque. Que l'on invente une agente secrète pour être l'héroïne de films d'action, pourquoi pas? Mais que l'on s'ingénie à essayer de la faire se couler dans le moule d'un rôle attribué par l'auteur des livres à un "mâle blanc", c'est le signe d'une bêtise crasse qui ajoute le fanatisme à un politiquement correct envahissant.

      • Samedi 7 Novembre 2020 à 14:30

        @ Pangloss...!

         

        Mais tout ça ne suffit pas...!

        Il faut de toute urgence changer certains titres et réécrire les romans de Ian Fleming , le précédent avec ceux d'Agatha Christie doit servir d'exemple

        On reparlera plus tard des immondes SAS signés par Gérard de Villiers -un autre "de Villiers", entre-parenthèses...!  (exemple)

         

        En France, on a trouvé une parade, on a Jean Dujardin comme OSS 117 : 

                         

        et c'est bien pour illustrer le respect que la France inspire dans certains pays...

         

      • Nada. John Nada.
        Samedi 7 Novembre 2020 à 15:28

        @bedeau : Attention, vous êtes à la limite de l'attaque contre le gouvernement. Ne saviez-vous pas que Bruno le Rigolo (lui-même dixit) adore Dujardin et cette histoire de biscotte ? Il l'avait confié dans une émission avec une certaine Karine Lemarchand, que j'avais vue malgré moi chez des amis qui osent encore avoir une tivi. Grand moment. Je crois même me souvenir que le fin lettré qu'apprécie Brighelli était aussi un admirateur d'un truc appelé les Tuche, qui m'a l'air... particulier, si j'en crois un film-annonce vu chez m'sieur ioutube pour comprendre le sens du propos.

      • Samedi 7 Novembre 2020 à 17:10

         

        @ Nada. John Nada...

        Le.... (comment dites-vous ?) "gouvernement" a bien d'autres soucis en ce moment, le pôvre...

        officiellement :

        • lutte contre les djihadistes, les terroristes et autres musulmans radicalisés (radicalisés, hein..)
        • lutte contre le virus de la grippe pangoline ses causes, ses conséquences et ses effets
        • lutte contre les députés, hors députés non-frondeurs LaREM (et encore !...)
        • lutte contre les vendeurs de livres et contre les acheteurs de chaussettes 

        et j'en passe... 

         

        Sinon, "les Tuche", c'est un peu comme "les Deschiens", non, en plus ambitieux ?

         

      • Nada. John Nada.
        Samedi 7 Novembre 2020 à 18:08

        @bedeau : J'sais même ce que sont ces "Deschiens". Des mahométans du grand califat ? Rien qu'au nom, pas envie de savoir, avec ou sans gougueule.

        Digression : Vous trouverez quelque part chez Pharamond (je ne sais déjà plus où !) la référence d'un James Bond noir -- correction : NOIR), héros inventé par John Brunner bien avant le terrorisme à prétentions intellectuelles. Les autoproclamés progressistes sont toujours en retard.

         

      • Samedi 7 Novembre 2020 à 21:44

        @ Nada. John Nada...

        C'est une constante chez eux... 

        Je me souviens que ce retard avait déjà été mis en lumière, au moins une fois, à propos d'un ancien article sur la "Guerre des Etoiles" (ou de l'espace, ou interplanétaire...), vue par le Chef des Armées et son souhait d'appeler à la rescousse des auteurs de science-fiction pour savoir comment ça marche, une guerre des étoiles.

         

        (descendez en bas du commentaire à vos risques et périls)

         

         

         

         

         

         

         

         

         

         

         

         

         

         

         

         

         

         

         

        Les Deschiens, c'est ça :

                     

        entre-autres, mais pas que...

      • Nada. John Nada.
        Samedi 7 Novembre 2020 à 23:03

        @bedeau : A première -- et dernière -- vue, ça doit valoir ces Tuche dont Bruno le Rigolo est "fan". Merci de m'avoir averti ! ;-)

        Dans l'excellent *Black Easter*, James Blish racontait l'histoire d'un physicien qui, aidé par un sorcier, s'ingénie à libérer tous les démons de l'Enfer pour qu'ils se déchaînent sur la Terre. Il a évidemment prévu des armes pour sa défense ; certaines ont été conçues à partir de récits de science-fiction -- et Blish de préciser que les pauvres auteurs ne recevraient pas de royalties à cette occasion. A la fin de la suite, *The Day After Judgment*, on trouve un très joli pastiche du *Paradise Lost* de Milton.

        https://en.wikipedia.org/wiki/Black_Easter

         

         

      • Dimanche 8 Novembre 2020 à 14:28

        @ Nada. John Nada....?

        ...mais que ferait- on sans les sorciers noirs Noirs, sans les supermen, les coureurs à pied, les footballeurs et les joueurs de trompinette Noirs ?

        Que ferait le nouveau présumé président des États-Unis, sans sa vice-présidente Noire ?

         

    5
    Samedi 7 Novembre 2020 à 10:55
    Excellent Zemmour, comme toujours suis-je tenté de dire.
      • Samedi 7 Novembre 2020 à 14:48

        @ Fredi M....

        Grâce à sa lucidité et sa culture, il sait comme personne déchiffrer ce qu'il y a d'évident et d'essentiel, et de non-dit, dans la moindre information, le moindre fait divers... D'où la haine qu'il suscite.

        Après avoir lu cette courte chronique, on s'tonne de ne pas y avoir pensé par nous-même

         

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